L’ENTREPRENEURIAT ARTISANAL, comme d’autres filières à même de résorber le chômage et de doper le secteur productif du pays, l’artisanat est à un tournant de son développement. L’heure est en effet à la mise en orbite d’un écosystème moderne où les produits artisanaux de Madagascar gagnent en compétitivité, et donc de nouveaux marchés, et les artisans mieux valorisés et plus professionnels. Sans oublier la nécessité de formaliser les acteurs opérant dans ce secteur.
« Le secteur de l’artisanat progresse, c’est clair. Mais il se fait de façon peu formelle et organique. Le temps est venu de reconnaître la contribution des artisans à l’économie et de la bonifier pour leur permettre de mieux en vivre », soutient un artisan de la route digue qui est en activité depuis plus de quinze ans.
Du côté du ministère en charge de l’Artisanat, on soutient la professionnalisation de l’artisanat qui est déjà une priorité dans, notamment, une douzaine de sous-filières. Selon les explications fournies par ce département, les actions portent sur divers volets dont la distributionde cartes d’artisan qui permettent aux entrepreneurs de la filière d’être identifiés comme artisans professionnels, de bénéficier de programmes de formation pour le perfectionnement de leur art et d’avoir une facilité d’accès aux matières premières et au financement.
Le ministère qui note en outre que la consolidation des réflexions, besoins, demandes et recommandations des acteurs et parties prenantes du secteur artisanat ont été au coeur la démarche entreprise lors du forum national, tenu la semaine dernière à Antananarivo, regroupant près de 1000 personnes. Une stratégie nationale pour la concrétisation des actions de développement en faveur de l’artisanat et des métiers, est attendue prochainement, a-t-on aussi fait savoir.
À savoir que sous le leadership du ministère de tutelle, les représentants des artisans venus de toutes les régions, les partenaires au développement, les représentants diplomatiques et les responsables ministériels et institutionnels, dont le ministère de l’Industrialisation, du commerce et de la consommation et le celui en charge de d’Environnement et du développement durable, ont pris part au forum. Des jeunes en phase de formation étaient aussi présents.
Plus de 450 000 artisans à accompagner
Pour le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud), après les crises, notamment celle de la pandémie de Covid-19, l’artisanat a été affecté et reste un secteur fragile et vulnérable où l’informel prévaut encore. Et cet organe onusien de poursuivre qu’il est temps de remettre le secteur sur les rails dans le cadre du programme de soutien à la « Relance du secteur informel et résilience à travers le développement des Chaînes de valeur verte et bleue » et d’autres initiatives appuyées par les différents partenaires techniques et financiers.
Le programme Fihariana soutient, pour sa part, que des actions sont menées pour soutenir techniquement et financièrement les artisans.
« En plus d’être un héritage de savoir-faire et un vecteur culturel, l’artisanat constitue un levier de développement économique pourMadagascar », a-t-on souligné. En effet, le secteur regroupe plus de 450 000 professionnels répartis dans 157 métiers. Afin d’appuyer le développement de l’artisanat et accompagner les jeunes et les femmes voulant intégrer la formalisation, Fihariana indique qu’il travaille en étroite collaboration avec le Ministère de l’Artisanat et des métiers (MAM), la Direction Générale des Impôts (DGI) et la banque BNIMadagascar. Ces entités sont liées par une convention pour la mise en oeuvre notamment d’une « Campagne de formalisation et de financements des artisans en vue de la proposition d’un régime de prévoyance sociale adaptée à leur situation ». Ce projet permet aussi à chaque artisan de bénéficier d’une protection sociale adéquate.
Concrètement, les artisans peuvent soumettre une demande de prêt et bénéficier par la suite d’un taux d’intérêt ne dépassant pas 9%. Parailleurs, Fihariana s’engage à accélérer le processus de traitement de dossiers des soumissionnaires et met à disposition ses formationsportant sur l’entrepreneuriat et l’éducation financière, composantes essentielles du programme. « La professionnalisation et laformalisation des acteurs de l’artisanat constituent un long processus nécessitant la participation active des différentes parties prenantes», a-t-on aussi expliqué pour mettre l’accent sur l’importance de cette initiative.